La Loire au cœur de la crise algérienne de la République

Quand la guerre éclate en Algérie, la France dispose sur place de 49 000 hommes pour maintenir l’ordre. Le gouvernement français décide aussitôt l’envoi de renforts. Une bonne partie d’entre eux sont des appelés du contingent. En effet, depuis le début des années 1950, tous les jeunes hommes dans leur 20ième année doivent accomplir un service militaire obligatoire de 18 mois. Puis ils sont « disponibles » pendant 3 ans et peuvent être « rappelés » sous les drapeaux. Mais dès 1955, un décret décide de maintenir plus longtemps sous les drapeaux les appelés nés en 1935-36. En mars 1956, des disponibles sont rappelés pour 6 mois. A partir de cette année-là, le recours au contingent pour faire face à la guerre d’Algérie est rodé et de jeunes Ligériens partent tous les deux mois.

Or le service militaire en Algérie n’est pas un service militaire comme les autres, non seulement par sa durée, mais aussi par la confrontation à une véritable guerre – même si elle n’est pas reconnue comme telle à l’époque. Il a de lourdes conséquences pour les soldats et leur famille. Des manifestations ont lieu dans la Loire en 1955-1956 contre le rappel des disponibles ou le maintien sous les drapeaux. Les familles forment même des associations pour défendre leurs droits.

Plus largement, une partie de l’opinion publique ligérienne se mobilise contre la guerre d’Algérie et appelle à la paix. La Loire n’échappe pas à l’agitation consécutive aux événements de mai 1958.

Salle 3 - Guide pour l'enseignant (téléchargeable en pdf)

L’appel des Ligériens sous les drapeaux

Les Ligériens appelés en Algérie sont nés en grande majorité entre 1936 et 1941 et ont grandi dans des  familles déjà impactées par les 2 Guerres mondiales. Lorsqu’ils partent faire leur service militaire, ils ont souvent fini leurs études et ont eu une première expérience professionnelle, mais ils vivent encore chez leurs parents. Ils peuvent difficilement échapper au service militaire. Des sursis sont accordés jusqu’à 21 ans quand ils sont en apprentissage et jusqu’à 25 ans quand ils poursuivent des études longues. Mais l’objection de conscience n’est pas reconnue. Refuser de porter une arme est passible d’une peine de 2 ans de prison. Quant à l’envoi en Algérie, seules quelques circonstances familiales permettent d’y échapper : avoir un proche parent « Mort pour la France », prisonnier de guerre non rentré  ou disparu ; être père de 2 enfants ou plus ; avoir déjà un frère en Algérie ; avoir une situation familiale très compliquée.

Contrairement à la mobilisation collective des soldats lors des 2 guerres mondiales, la participation à la guerre d’Algérie relève d’une expérience individuelle vécue au sein de la famille car chaque classe d’âge a son propre calendrier de mobilisation. Les affectations sont tout aussi diverses, des combats contre l’ALN aux missions de pacification auprès de la population.

Des magazines et des mouvements d’opposition s’intéressent tôt à cette expérience, que les appelés eux-mêmes partagent avec leur famille au travers des photographies prises lors de leur séjour en Algérie.

16 documents

Engagements de Ligériens et opinion publique

L’année 1956, avec le vote des « pouvoirs spéciaux », le recours massif au contingent, et l’enlèvement de 5 chefs du FLN par un acte de piraterie aérienne, sonne l’heure de l’engagement pour des enseignants stéphanois qui rédigent un appel « Pour la négociation et la paix en Algérie ».

La crise parlementaire d’avril-mai 1958, le retour au pouvoir de De Gaulle et la mise en place de la Ve République, provoquent aussi quelques remous dans l’opinion publique ligérienne. Le Parti Communiste Français, bien implanté dans la Loire, dénonce alors une dérive dictatoriale.

7 documents