Les mouvements indépendantistes dans la Loire

Le département de la Loire a accueilli une importante communauté algérienne, surtout après la Seconde Guerre mondiale. En 1952, ils sont 9000 à résider dans la Loire. La majorité occupe un emploi dans les mines, la métallurgie, les travaux publics, ou le textile. 70 % viennent du département de Constantine, 25 % de celui d’Alger et 5 % de celui d’Oran.

La communauté algérienne de la Loire est souvent pauvre. Dès 1949, un Service Social Algérien est créé par les Houillères du Bassin de la Loire pour lui venir en aide. Elle s’organise : à Saint-Etienne, elle dispose d’une mosquée, d’un cimetière musulman et d’une Union Sportive Nord-Africaine – L’Etoile.

Elle se montre très tôt sensible à la propagande des mouvements nationalistes. En 1949, le parti indépendantiste de Messali Hadj, le MTLD, compte environ 1500 adhérents dans la région stéphanoise, le Gier et l’Ondaine. Pour la 1e fois le 1er mai 1950, des Algériens participent aux manifestations contre la politique française outre-mer. Mais à partir de 1954, les indépendantistes algériens se divisent. Le parti de Messali Hadj rebaptisé MNA (Mouvement National Algérien) poursuit son action dans la clandestinité et conserve toute son influence jusqu’en 1956. Mais le FLN s’implante progressivement dans le département. Fin 1958, le département de la Loire compte entre 3200 et 3500 cotisants au FLN pour un montant estimé par les autorités à 6 900 000 francs.

Salle 2 : guide pour l'enseignant (téléchargeable en pdf)

La Toussaint rouge

Les revendications d’indépendance des Algériens ne datent pas de 1954. Elles remontent à l’entre-deux-guerres avec le développement des mouvements de Ferhat Abbas et Messali Hadj. Elles se sont déjà ouvertement exprimées le 8 mai 1945 lors des émeutes de Sétif et Guelma, sévèrement réprimées par le Gouvernement Provisoire de la République Française. Néanmoins l’historiographie continue à fixer le début de la guerre d’Algérie à la Toussaint Rouge, le 1er novembre 1954, en raison du bouleversement que provoque la série d’attentats perpétrés ce jour-là sur tout le territoire algérien par l’acteur principal de la guerre côté algérien : le Front de Libération Nationale. Ce dernier est composé de jeunes militants instruits en rupture avec le parti indépendantiste dominant, le MTLD de Messali Hadj. A la fin octobre 1954, à Alger, se sont réunis « six chefs historiques » du FLN. Ils divisent l’Algérie en 6 zones, rédigent une proclamation politique prônant une ligne dure et fixent la date de l’insurrection.

Dès le lendemain, les journaux de métropole se font l’écho des attentats, mais n’en perçoivent pas encore toutes les implications et les font figurer à leur une aux côtés de titres plus anecdotiques.

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Le MNA, premier mouvement dominant dans la Loire

Pour diffuser ses idées auprès de la communauté algérienne de métropole, le MNA publie clandestinement entre 1954 et 1963 un journal intitulé La Voix du Peuple. Les articles sont rédigés en France et expédiés en Allemagne pour impression. Ils font une large place à la personnalité de Messali Hadj, le chef du parti. Le tirage du journal atteint les 100 000 exemplaires en 1956. La communauté algérienne vivant en France étant largement analphabète, le journal est souvent lu à une large audience par un lecteur plus instruit dans des cafés. 

Si le MNA use de la propagande pour gagner à sa cause la communauté algérienne de métropole, il recourt aussi à l’intimidation et au racket à l’encontre des travailleurs musulmans. Ceux-ci sont surveillés en permanence et enjoints de contribuer à la lutte nationale, y compris par la terreur.

 

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La victoire du FLN dans la Loire

Le FLN s’implante progressivement en terre ligérienne au cours de l’année 1957, d’abord dans la vallée de l’Ondaine et le Roannais, sans grand remous, puis dans la région stéphanoise et la vallée du Gier, au prix de heurts violents avec le MNA. La lutte d’influence entre les deux mouvements se traduit par de nombreux attentats au cours de l’été. Ils sont commis par armes à feu ou grenades, dans la rue ou dans des cafés. Il s’agit la plupart du temps de règlements de comptes entre Algériens. Face à cette situation, tous les services de police et de renseignements sont mobilisés : patrouilles nocturnes dans les quartiers où résident les travailleurs algériens, contrôles d’identité, perquisitions, arrestations.

A partir de 1958, le FLN décide d’ouvrir un second front en métropole et d’y opérer des attentats pour créer un climat de terreur et déstabiliser le régime. Ces attentats visent des représentants des pouvoirs publics, des gardiens de la paix, mais aussi des entreprises industrielles, des bâtiments publics et des ouvrages d’art. Les autorités françaises multiplient les mises en garde et appellent à une surveillance accrue des installations sensibles. Dans la Loire, premier département fabriquant d’armes, les industriels mettent en application des mesures strictes, évitant d’employer une main d’œuvre algérienne sur des sites vulnérables aux attentats et aux incendies, et stockant les armes produites après retrait d’une pièce essentielle à leur fonctionnement.  Une enquête de police de 1958 révèle un projet d’attentat contre la MAS (Manufacture d’Armes de Saint-Etienne) et Manufrance (nom commercial de la Manufacture française d’Armes et Cycles de Saint-Etienne, une société de vente par correspondance).

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