Le retour des appelés ligériens

Durant tout leur service militaire, les appelés du contingent n’attendent qu’une chose : la « quille ». Le moment venu, ils passent une visite médicale et rendent leurs armes. Ils sont acheminés en bateau en métropole, puis par chemin de fer à la gare la plus proche de leur domicile. Ils doivent rapporter leur paquetage et leur plaque d’identité militaire à la gendarmerie. Les soldats qui avaient un emploi avant leur service militaire peuvent retrouver leur ancien poste, à condition d’accomplir des démarches auprès de leur employeur dans un délai d’un mois.

Un million et demi de jeunes Français sont ainsi démobilisés tout au long du conflit. L’armée ne prévoit aucun accompagnement pour ce retour à la vie civile après une expérience parfois traumatisante. Les démobilisés ne sont pas considérés comme « anciens combattants » puisque l’Etat français ne reconnaît pas de « guerre » en Algérie. Mais ils peuvent compter sur le soutien précoce d’associations.

 

Salle 5 - Guide pour l'enseignant (téléchargeable en pdf)

Des récits contrastés

L’armée et les autorités politiques sont très soucieuses de l’état d’esprit des démobilisés car leurs propos ont une influence sur l’opinion publique. Dans la Loire, dès 1956, une vaste enquête sur l’état d’esprit des jeunes gens de retour d’Algérie est diligentée par les Renseignements Généraux, en s’appuyant sur des comptes-rendus rédigés par chaque brigade de gendarmerie du département. Les jeunes démobilisés sont plus ou moins loquaces, mais leur discours comporte quelques constantes : les mauvaises conditions de logement et de ravitaillement, le danger des opérations et le sentiment d’insécurité, une opinion négative des Français d’Algérie, un certain pessimisme quant à l’évolution ultérieure du conflit.

A leur famille, les anciens appelés ne parlent pas beaucoup de leur séjour en Algérie. Rares sont ceux qui prennent publiquement la parole.

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Des associations pour obtenir des droits et commémorer

Nombreuses sont les associations à se préoccuper des appelés qui ont servi en Algérie. Dès 1956, se crée un Groupement des rappelés et maintenus. Il s’unit en 1958 avec l’Association des Anciens d’Algérie et l’Association Nationale des Anciens d’Algérie pour former la FNAA (Fédération Nationale des Anciens d’Algérie), dont le nom devient la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie) en 1963. Des associations créées pour les anciens combattants d’autres guerres accueillent également les anciens combattants d’Algérie : l’ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), l’UNC (Union Nationale des Combattants), l’UFAC (Union Française des Associations de Combattants)…

Leur action permet des avancées : dès 1955, l’Etat accorde des pensions aux soldats blessés en AFN. A partir de 1956, il octroie la mention « Mort pour la France » aux soldats tombés en Algérie. En 1968, il crée un « Titre de reconnaissance de la Nation » pour les militaires ayant pris part aux opérations d’AFN pendant 90 jours. Enfin, la loi du 9 décembre 1974 donne le statut d’anciens combattants à tous ceux qui ont servi la France en Algérie.

Les associations s’accordent sur la nécessité de commémorer la guerre d’Algérie, mais sont parfois en désaccord sur les modalités de ce devoir de mémoire.

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