Empêcher la déportation des Juifs

Dans la Loire, plus de 80% de la population juive vivant dans le département pendant la guerre, n’a pas subi la déportation. Ce chiffre est plus élevé que la moyenne nationale (75%).

Les raisons en sont multiples. Mais la mobilisation d’une partie de l’opinion publique et l’aide apportée aux Juifs par de nombreux Ligériens de toutes conditions sociales y est sans doute pour beaucoup, que cette aide ait relevé d’une initiative individuelle ou qu’elle se soit inscrite dans une dimension collective.

Car l’aide aux persécutés mobilise souvent toute une chaîne d’acteurs nécessaire à la survie. Dans la Loire, plusieurs réseaux de sauvetage s’organisent autour d’ecclésiastiques, de figures de la résistance ou d’associations comme L’aide aux mères.

Les membres de ces réseaux ont eux-mêmes été victimes de la répression. Arrêtés et déportés, ils font preuve du même esprit de résistance en déportation.

Après la guerre, plusieurs se sont vu décerner le titre de « Juste parmi les Nations » par l’institut Yad Vashem.

Les fonds des ADL permettent de documenter quelques parcours et de rendre hommage à l’action courageuse et désintéressée de ces hommes et de ces femmes.

Dénoncer les persécutions et venir en aide aux persécutés

La radicalisation de la politique génocidaire après la conférence de Wannsee en janvier 1942 et les premières grandes rafles opérées en zone occupée puis en zone libre, suscitent l’indignation d’une partie de la population ligérienne. Les mouvements de résistance s’efforcent d’informer la population du sort réservé aux Juifs.

Certains Ligériens n’hésitent pas à braver le danger pour leur porter assistance. Des fonctionnaires - secrétaires de mairie, policiers ou gendarmes - se servent notamment de leur statut pour fournir aux Juifs de faux papiers, les prévenir des rafles ou leur offrir un abri.

7 documents

Robert Ploton, de la résistance spirituelle au sauvetage

Dès 1941, l’abbé Robert Ploton, curé de l’église de la Nativité au Crêt de Roc à Saint-Etienne, fait de sa cure un lieu de diffusion d’une publication clandestine : les Cahiers du témoignage chrétien. Réalisant les persécutions à l’encontre des Juifs, il fait appel à Dora Rivière et parvient, avec son aide, à en sauver plusieurs. Arrêté par la Gestapo, il est transféré à la prison de Montluc puis déporté en Allemagne. En détention, il célèbre clandestinement des messes. Libéré à la fin de la guerre, il revient en mai 1945 à Saint-Etienne, acclamé par la population. L’association culturelle israélite de la Loire organise alors une cérémonie en son honneur.

14 documents

Marie-Antoinette Vial-Flatry, fondatrice du home d'enfants le Nid

Marie-Antoinette Flatry est née en 1921 à Boën-sur-Lignon. A partir de 1939, elle travaille pour l’association stéphanoise L’Aide aux Mères, créée en 1936 pour assister les mères de famille en difficultés, et dirigée par Juliette Vidal et Marinette Guy.

En 1941, épuisée par son travail à Saint-Etienne et par le manque de nourriture, Marie-Antoinette rentre chez ses parents pour se reposer. Suite à la multiplication des bombardements sur les villes françaises, elle décide d’ouvrir à Boën-sur-Lignon, près de la gare, un home d’enfants : le Nid, pour accueillir les petits citadins placés à la campagne par leurs parents.

Très vite, elle se voit confier, par Juliette Vidal et Marinette Guy, de petits Juifs dont les noms sont changés. Tout au long du conflit, avec l’aide de sa famille et d’autres habitants de la commune, elle parvient à nourrir et protéger 18 enfants juifs âgés de 4 à 12 ans. Le Nid ferme ses portes à la Libération, et chacun part de son côté.

Mais ses anciens petits protégés, parvenus à l’âge adulte, recherchent activement « Mademoiselle Flatry » et finissent par la retrouver grâce … au Minitel ! Ils entreprennent des démarches afin qu’elle soit reconnue Juste parmi les Nations. Ce titre lui est décerné en 1990.

8 documents