Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle, publiées par la fondation Georges Guichard

Le projet 

La publication des Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle est un travail scientifique considérable. Un groupe d’érudits et d'universitaires a eu l'ambition de publier tous les documents concernant le Forez antérieurs à l’an 1300. Cette œuvre, commencée en 1930, s’est achevée, après 50 années de travail, en 1980, avec la publication du 24e tome.


Les motivations des auteurs sont exposées dans la préface du tome 1 des Chartes du Forez : ils souhaitent rendre accessibles des sources de première main pour favoriser les études historiques et leur critique. Ils se placent dans la lignée des fondateurs de la Diana, société savante créée en 1862 par le du duc de Persigny, ministre de Napoléon III, et Hippolyte de Charpin-Feugerolles, député de la Loire, dont l’objectif est de préserver le patrimoine forézien. Ils veulent être exhaustifs et publier tous les documents antérieurs à 1300 pour favoriser "l'exactitude scientifique".

Ce travail a été salué et reconnu par les scientifiques comme Jean Richard, historien du Moyen Âge, ou Jacqueline de Romilly, helléniste, membre de l’Académie française, qui affirme que « le Forez a été pourvu d'une collection de ses sources médiévales telle que bien peu d'autres régions ont bénéficié ». Il a été récompensé par plusieurs médailles au concours des Antiquités de la France (3e médaille en 1933 et 1ère en 1941).

 

Informations contenues dans les tomes des Chartes du Forez

Au Moyen-Age, les chartes sont des actes écrits concernant le plus souvent des concessions de droit ou de biens. La fondation Georges Guichard a publié 1686 chartes antérieures à 1300 (chartes 1 à 1686) mais aussi :

  • Des chartes postérieures à 1300 : chartes 3001 à 3024 (En marge du Tome XV)
  • Une étude sur les dîmes perçues en Forez, présentée comme la note 4 de la charte 1257, par leurs auteurs, le comte de Neufbourg et Marguerite Gonon (Tome XV). Elle contient les mentions des dîmes rencontrées dans les charte du Forez, les pouillés des XIV et XVe, et dans des sources de l’époque moderne. Elle est complétée par une addition (En marge du Tome XV).
  • Une étude sur l’unité de mesure appelée neume, rencontrée dans certaines chartes (En marge du Tome XV).
  • Un tome est dédié aux chartes figurant dans les cartulaires de Savigny et de Cluny Celles-ci n’ont pas été numérotées car le comte de Neubourg, auteur du volume, les considère comme fausses puisqu'il s’agit de copies provenant de cartulaires (Tome XVIII).

Dans le tome XIX, le comte de Neufbourg a transcrit les chartes 1763 à 1775, mais celles-ci ont été publiées avec un nouveau numéro dans les volumes suivants. Ainsi la Charte 1770 est publiée dans le volume 23 sous le numéro 1582.

 

Ces chartes proviennent essentiellement :

  • Des Archives nationales où sont conservées les chartes du comté de Forez, divisées en deux parties (titres, cotes P 1394 à P 1402, et aveux, cotes P 490 à P 494), ainsi que les titres du Bourbonnais et du Beaujolais contenant des documents concernant le Forez.
  • Des archives de la chambre des comptes du Forez, conservées aux Archives départementales de la Loire. Elles sont presque toutes postérieures à 1300 mais le premier registre des testaments et tutelles (B 1850) contient de nombreux documents du XIIIe siècle.
  • Des archives des anciens ordres religieux du Forez dont celles des cisterciennes de Bonlieu, des bénédictins de Saint-Rambert, de l'abbaye de Jourcey, des prieurés de Leigneu et Saint-Romain-le-Puy (Archives départementales de la Loire, série H) ; de l’ordre de Malte qui contient les actes des commanderies hospitalières de Montbrison et de Chazelles-sur-Lyon (Archives départementales du Rhône, série 48 H) ; de la Chaise-Dieu (Archives départementales de la Haute-Loire)…
  • Des archives du duché du Roannais (déposées par les Archives départementales de la Loire à la Médiathèque de Roanne).
  • Des archives privées dont celles du château de Navogne à Bas-en-Basset (Haute-Loire)

 

La présentation est identique pour chaque charte :

  • Le numéro de la charte est indiqué en bas des pages la concernant (les numéros de pages sont eux en haut des pages)
  • la date de l'acte est indiquée en haut de la page
  • une analyse résume le contenu du texte
  • la description de la pièce présente ses caractéristiques matérielles, son lieu de conservation, sa cote et une bibliographie
  • Le texte est ensuite transcrit en entier. Les développements d'abréviations peu communes ou douteuses sont placés entre crochets. Les noms propres sont en italiques. Pour les copies réalisées après 1300, les ajouts sont imprimés en petits caractères,
  • Enfin des notes, très développées, éclairent le lecteur au sujet des variantes des copies, des lieux, des conditions des personnes et des terres…

 

Il existe des volumes de tables qui contiennent des :

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Les auteurs

Les auteurs principaux des 12 premiers tomes sont Georges Guichard, le comte de Neufbourg, J.-E. Dufour et Edouard Perroy.

Georges Guichard (1868-1955) est le fils de Jean-Marie Guichard, épicier à Feurs, et de Catherine Martin. Il est le frère du célèbre Geoffroy Guichard, fondateur du groupe Casino. Cet ingénieur de l’Ecole centrale des arts et manufactures de Paris travaille quelques années dans la capitale, puis s’établit à Feurs où il dirige une féculerie, avec ses beaux-frères. Après le décès de sa femme en 1928, ce passionné d’histoire et d’archéologie s’investit dans la Diana. Ce bienfaiteur, qui a soutenu financièrement les hospices civils de Feurs, est aussi un grand mécène. Il fait des dons à la Diana dont il devient le président d’honneur. Il soutient l'Association des Amis du Musée de Feurs qu’il préside. Et surtout il finance la parution des Chartes du Forez en créant une fondation pour l’Histoire du Forez, devenu ensuite la Fondation Georges Guichard . Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1938.

Le comte de Neufbourg (1888-1986) est le véritable pilier de ce groupe. Guy-Jean Courtin de Neufbourg est né dans son château de Beauvoir à Arthun. Cet exploitant agricole est un féru d’histoire. Il a écrit Le régime féodal et la propriété paysanne en Forez publié en 1923. Il est à l’origine d’une première tentative d’édition des Chartes du Forez, avec la Diana, qui n’aboutit pas. En revanche sa collaboration avec Georges Guichard est fructueuse. Il est également un des fondateurs de l'Association d'entraide de la noblesse française (ANF). Il est aussi un résistant dans la Loire. Il se retire du groupe des auteurs en 1965, à 77 ans, lorsqu’il se met à douter de l’authenticité des chartes les plus anciennes.

Jean-Etienne Dufour (1880-1951) est le rédacteur du Dictionnaire topographique de la Loire pour lequel il dépouilla pendant vingt-cinq ans les fonds des Archives de la Loire.

Edouard Perroy (1901-1974) est un historien, médiéviste dont la famille est originaire du Forez. Il a été professeur d'histoire médiévale à l'Université de Lille puis à Paris à la Sorbonne. Il a été résistant dans la Loire et militant à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), du Parti socialiste autonome puis du Parti socialiste unitaire . Il a rencontré le comte de Neufbourg aux Archives nationales. Edouard Perroy a recensé et copié les actes foréziens conservés aux Archives nationales et à la Bibliothèque nationale. Il a rédigé les analyses de toutes les chartes publiées dès le tome II.

D'autres personnes ont participé à ce travail. C'est notamment le cas de l'abbé Merle ou Jeanne Vielliard (1894-1979), archiviste paléographe, première femme membre de l'Ecole française de Rome.

L’équipe initiale a été renforcée. Marguerite Gonon (1914-1996) chercheur au CNRS, puis Etienne Fournial (1910-2000), élève d’Edouard Perroy, professeur d'histoire médiévale à Saint-Etienne, ont apporté leurs compétences à cette entreprise.
L’édition des chartes du Forez a réuni des personnalités très diverses que tout aurait dû opposer. Pourtant, un aristocrate fondateur de l’Association de la noblesse française, un universitaire militant socialiste, un industriel fils d’épicier ont réussi à collaborer pour mener à bien ce travail.

L'Université catholique de Lyon, ayant droit de la fondation Guichard, a autorisé la mise en ligne de cette publication.